112 - La Seconde République -
Sans souverain et proclamée dans l'enthousiasme général, la République s'impose. Un gouvernement provisoire est mis en place sous la présidence d'un intellectuel de qualité, républicain modéré, Niceto Alcalá-Zamora, qui désigne Manuel Azaña comme chef du Gouvernement.
De grandes réformes sont promises et en attendant, la vieille bannière espagnole rouge et jaune est remplacée par un drapeau rouge, jaune et violet. Des Cortès constituantes sont élues le 28 juin 1931 : Conservateurs et partis d'extrême-droite ayant boudé le scrutin, une écrasante majorité de Républicains et de Socialistes la composent.
Elles doivent aussitôt faire face à une situation très grave : dans les villes se produisent quotidiennement des incendies d'églises, de couvents, des assassinats de moines, et dans les campagnes andalouses les soulèvements d'ouvriers agricoles se multiplient ; en Catalogne, une république indépendante est proclamée, la tendance séparatiste des Catalans les ayant déjà poussés à prendre, contre Philippe V, le parti de l'archiduc, tendance réanimée au début de ce siècle par une force nouvelle résultant de l'avance économique prise sur le reste du pays.
Pour donner satisfaction aux anticléricaux, une loi de séparation de l'Église et de l'État est alors adoptée, la religion catholique cessant, pour la première fois, d'être la religion officielle d'Espagne ; pour calmer les ouvriers agricoles, des expropriations de grands domaines, dont la superficie couvre alors la moitié du territoire, sont prononcées et les terres redistribuées aux paysans ; enfin, en réponse aux revendications catalanes, la Constitution républicaine adoptée le 9 décembre 1931, prévoit que les provinces pourront être dotées d'un statut d'autonomie.
Mais ces mesures n'atteignent pas leur but : les pillages d'églises et de couvents se poursuivent, faute de l'argent nécessaire au paiement des indemnités d'expropriation, 5 000 paysans seulement reçoivent des terres en Andalousie et, jugeant le statut d'autonomie insuffisant, la Catalogne s'organise en République fédérée.
Le mécontentement est général et la loi partout bafouée ; le radical Marcel Azaña, succédant au modéré Alcalá-Zamora, devient Président de la République à l'issue des élections générales du 19 novembre 1933 ; les Cortès sont dissoutes et à la surprise générale, en raison probablement de l'instauration du vote des femmes, une assemble orientée à droite ressort de ces nouvelles élections ; les ministères au pouvoir doivent alors faire face, notamment dans les Asturies, à de farouches insurrections ouvrières, impitoyablement réprimées ; mais le malaise moral et le marasme économique empirent : en Andalousie & en Estrémadure, les morts par inanition ne se comptent plus !
En janvier 1936 intervient une nouvelle dissolution des Cortès : cette fois, grâce à la forte organisation d'un front populaire réunissant anarchistes, communistes et socialistes, les Gauches l'emportent largement aux élections du 16 février1936 ; Alcalá-Zamora renonce à la présidence qui revient à Azaña.