~ Histoire d'Espagne ~

Intelligent, madré, jovial et patriote, ce qui a décidé Primo de Rivera, c'est moins la menace révolutionnaire que celle que les autonomistes catalans font peser sur l'union nationale ; il renvoie les Cortès, place des militaires à la tête des grands Services publics, abolit les privilèges de la Catalogne, s'efforce de concilier ouvriers et paysans, crée une Banque de crédit agricole, et esquisse une réforme agraire.

Bien qu'installés dans une oppositions farouches, anarchistes, communistes, syndicalistes et républicains sont réduits au silence pendant quelques années, l'ordre matériel n'étant que très sporadiquement troublé ; cette dictature fait un très gros effort pour améliorer l'ordre économique du pays : réseaux routier & ferroviaire, lignes d'aviation commerciale, travaux d'irrigation, crédits ouverts aux entreprises industrielles et agricoles ; mais tout cela coûte cher et l'État devant émettre des emprunts, la dette publique augmente de plus d'un tiers.

Au Maroc, le 30 mai 1926, Primo de Rivera remporte un signalé succès, lorsque sous son commandement les troupes espagnoles s'emparent du quartier général d'Abd-el-Krim, le contraignant à se réfugier dans le secteur français où il est fait prisonnier ; c'est la met fin de la guerre du Rif (1921-1926). En revanche, il ne réussit pas à faire modifier, au profit de l'Espagne, le statut international de Tanger.

Après avoir désorganisé les vieux partis politiques, il veut créer un parti unique qui lui permettrait de normaliser le régime ; mais il se heurte aux cabales politiques, à la jalousie des généraux et au ressentiment d'Alphonse XIII las de son rôle de figurant ; ce dernier, voyant l'armée prête à le lâcher, oblige le 28 janvier 1930 Primo de Rivera à se démettre, confiant les pleins pouvoirs au chef de sa maison militaire, le général Berenguer. Le dictateur déchu, réfugié à Paris, y meurt quelques semaines plus tard.

Initiative malheureuse que cette succession ; déjà odieux aux éléments avancés du pays, le roi devient suspect à ses éléments les plus conservateurs et des émeutes éclatent, fomentées tant par des civils que par des militaires ; Berenguer est congédié, un ministère de concentration monarchique est formé et il est procédé à des élections municipales et législatives.

La campagne des municipales a lieu sur le thème "Monarchie ou République" ; le 12 avril 1931 le résultat du scrutin des grandes villes donne la majorité aux Républicains ; l'effet est énorme mais, lorsque le dépouillement du scrutin est achevé , les 4/5 des élus s'avèrent être Royalistes.

Un comité révolutionnaire se forme alors à Madrid ; la foule manifeste devant le Palais-Royal, le général Sanjurjo, chef de la garde civile, ne répondant plus du loyalisme de celle-ci, prend contact avec le comité révolutionnaire et le 14 avril 1931, pour éviter l'effusion du sang, Alphonse XIII se décide, sans toutefois abdiquer formellement, à quitter sa patrie ; il n'y reviendra plus et mourra à Rome le 28 février 1941, le mot Espagne sur les lèvres.