103 - Restauration bourbonienne - Le Rotativisme -
Après de telles convulsions, l'Espagne aspire enfin au repos et la pensée mûrit d'une restauration ; elle est provoquée par le général Martinez Campos qui se prononce en faveur d'Alphonse, le fils d'Isabelle II, entraînant avec lui la plupart des chefs militaires.
En janvier 1875, Alphonse XII quitte la France et s'installe à Madrid, il n'a que 18 ans. D'une santé chancelante, il est toutefois précocement mûri et non dénué de sens politique ; il a la chance de s'appuyer sur un homme d'État, à la fois énergique et d'une incontestable valeur morale, le conservateur Canovas de Castillo, qui devient président du Conseil ; les derniers brasiers carlistes et cantonalistes sont étouffés et les nouvelles Cortès élues votent une nouvelle Constitution de type monarchiste parlementaire. Pendant un quart de siècle l'Espagne intérieure va connaître une période de calme relatif.
Calme bien superficiel cependant car, dans les profondeurs, républicains, socialistes, syndicalistes & anarchistes ne cessent de bouillonner ; mais une sévère police et la suspension périodique des garanties constitutionnelles compriment les effets de ce bouillonnement, en même temps que dans les armées la discipline est rétablie. Les institutions publiques fonctionnent sans heurts apparents, les 2 principaux partis, le conservateur et le libéral, s'entendant pour alterner au pouvoir ; quand un ministère juge le temps venu de passer la main, il dissout les Cortès et, guidés par l'administration, les caciques fabriquent des élections qui donnent la majorité au parti au repos ; l'institution du suffrage universel ne change rien à ce jeu, que l'on nomme le "rotativisme", manipulation nécessaire à la survie du régime parlementaire, dans un pays aussi passionné.
Alphonse XII meurt de la tuberculose le 25 novembre 1885 ; il ne laisse que des filles, mais sa seconde épouse, Marie-Christine, née archiduchesse d'Autriche, est enceinte ; déclarée régente, elle accouche 6 mois plus tard d'un garçon proclamé roi sous le nom d'Alphonse XIII.
La deuxième régente Marie-Christine ne ressemble pas à la première : sévère, chaste, un peu hautaine, elle est aussi très intelligente et surtout fort avisée ; elle va donner à son fils une éducation complète et pratiquer avec beaucoup de doigté le "rotativisme". Sous sa régence, l'Espagne fait une discrète entrée dans la vie internationale : tout en entretenant des relations cordiales avec l'Angleterre et correctes avec la France, elle se rapproche de la Prusse et côtoie la Triplice {triple alliance entre l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois, le Royaume d'Italie et l'Empire ottoman} sans y adhérer formellement ; elle va cependant connaître outre-mer de terribles déboires.
A découvrir aussi
- 102 - Règne éphèmère d'Amédée I - La 1° République -
- 104 - Les dernières Colonies arrachées à l'Espagne -
- 105 - L'Espagne à la fin du XIX° siècle -