~ Histoire d'Espagne ~

Les vainqueurs apparaissent vite divisés, si les uns restent attachés au principe de la monarchie constitutionnelle, d'autres optent pour une république fédérale, d'autres enfin souhaitant un régime d'inspiration socialiste. Les élections auxquelles il est procédé sont une succès pour les premiers : une Constitution monarchique est votée le 6 juin 1869, mais avec quel monarque ? Les députés ne voulant plus des Bourbons, et en l'attente d'une solution, Serrano est élu régent, Prim assumant la présidence du Conseil.

Tandis que républicains & socialistes entretiennent une fermentation révolutionnaire en Catalogue & en Andalousie, la régence se met en quête d'un roi ; des négociations échouent avec Léopold de Hohezollelrn-Zigmaringen, petit parent du roi de Prusse, par la maladresse de Napoléon III et l'astuce de Bismarck, une des origines probables de la guerre frano-prussienne de 1870... En désespoir de cause, on s'adresse au duc d'Aoste, second fils du Roi d'Italie, qui accepte.

A la majorité des Cortès, ce prince est élu roi d'Espagne sous le nom d'Amédée I ; il débarque le 1° janvier 1871 à Carthagène pour y apprendre l'assassinat de Prim. C'est sans enthousiasme qu'il monte alors sur le trône d'un pays dont il ignore la langue et où il est si fraîchement accueilli. Ses 2 ans de règne s'illustrent par une succession de 6 ministères, 3 dissolutions des Cortès, de graves émeutes à Madrid, à Barcelone et au Ferrol et une très sérieuse reprise de la guerre carliste au Pays basque, en Navarre & en Aragon. Au début de 1873, Amédée I saisit le prétexte d'un conflit qui oppose le gouvernement aux officiers d'artillerie pour abdiquer et "prendre congé de la noble et malheureuse Espagne".

Des élections auxquelles il est alors procédé, ressort une majorité de républicains modérés, ayant pour chef Emilio Castelar, magnifique orateur mais homme d'État au cerveau fumeux... La République alors proclamée se heurte aussitôt aux carlistes, menant dans le Nord une guerre de partisans de plus en plus cruelle, aux cantonalistes dans le Sud et dans l'Est, constituant de petits États quasi indépendants. Les Cortès sont chassées militairement le 3 janvier1874 et un gouvernement de salut public dirigé par le dernier survivant des Caudillos de l'époque précédente, le général Serrano, est mis en place ; les carlistes et les cantonalistes vont bientôt, mais non sans peine, écrasés.