101 - Confusion générale - Isabelle II chassée -
Durant les 10 années du règne d'Isabelle II la vie politique est extrêmement confuse : une reine bien intentionnée mais bornée, alliant sensualité et bigoterie, soumise à l'influence de ses amants successifs et à celle d'une nonne mystique, la sœur Patrocinio, un roi consort qui ne se plaît que dans la société de ses mignons, une Cour absorbée dans de minables intrigues, des ministres souvent intelligents mais n'ayant ni le temps, ni les moyens de gouverner, obligatoirement dociles aux volontés des glorieuses épées – Narvaez, O'Donnell, Espartero, Serrano – que des pronunciamientos amènent, enlèvent, exilent et ramènent, des Cortès artificiellement élues et dissoutes au premier signe d'indépendance, des partis modérés, progressistes, d'Union libérale, qui, moins que des idées, vendent leur influence au plus offrant, des sociétés secrètes en perpétuelle fermentation, une armée qui sert moins l'État que les ambitions de ses chefs, et une Église enfin, qui tend à se couper de la masse populaire pour épouser étroitement la cause des possédants, tel est le paysage politique du règne d'Isabelle II, avec, en surimpression, de continuelles insurrections, tant militaires que civiles : en mai 1854, invasion du Palais-Royal par la populace madrilène, reprise de l'agitation carliste au Pays Basque où, Don Carlos étant mort en 1855, son fils lui succède, puis un neveu, tentatives de fédéralisme de plusieurs provinces qui tournent au séparatisme, autant de forces centrifuges qui, comme ce fut si souvent le cas dans l'histoire de l'Espagne, l'emportent sur les forces de cohésion.
A l'extérieur, l'Espagne ne joue plus guère de rôle ; pourtant en 1860, à la suite d'une attaque lancée par une tribu marocaine contre les fortifications de Ceuta, elle déclare la guerre au Sultan et le général Prim remporte une série de victoires sur les troupes chérifiennes, ce qui lui vaut un titre de marquis. En 1861, une alliance avec Paris pour imposer au Mexique un régime monarchique tourne court, le prétendant au trône, poussé par Napoléon III, étant membre de la famille royale autrichienne. En 1886 enfin, à la suite d'un incident diplomatique, un conflit armé éclate entre l'Espagne d'une part, et le Pérou & le Chili d'autre part ; une escadre espagnole bombarde Callao et Valparaiso mais une intervention des États-Unis fait immédiatement cesser les hostilités...
Isabelle II, totalement inféodée à la coterie réactionnaire et cléricale, soutient des gouvernements qui pratiquent une politique de brutale répression ; une alliance se noue alors entre les partis d'opposition, qui trouve un chef en la personne du général Prim, tombé en disgrâce, et miraculeusement épargné des pelotons d'exécution malgré 7 pronunciamientos ! Et en 1861, ce fougueux Caudillo qui s'était réfugié à Londres, débarque à Gibraltar et de là, pousse à Cadix où se soulèvent la garnison et les équipages de la flotte ; le mouvement gagne la plupart des provinces et un gouvernement provisoire se constitue à Madrid dont la présidence est confiée au général Serrano, avec Prim comme principal lieutenant ; Isabelle II, alors en villégiature près de San Sebastian, passe prudemment en France, accompagnée de son jeune fils Alphonse, fils probable du mari de sa mère, le roi consort !
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