~ Histoire d'Espagne ~

~ Histoire d'Espagne  ~

095 - L'Espagne libérée -

En décembre 1813, la France commence à être envahie par les armées des puissances coalisées ; le 11 décembre 1813 à Valençay, Napoléon ratifie un traité aux termes duquel Ferdinand VII est reconnu Roi d'Espagne et libéré ; il retrouve son royaume en mars 1814 ; les Cortès sont transportées à Madrid ; il les dissout, déclare la nullité de la Constitution votée en 1812, abolit toues les réformes libérales, rétablit l'Inquisition et manifeste sa volonté de régner sans contrôle.

Démarre alors la période de "terreur blanche" où sont pourchassés tous les collaborateurs qui n'ont pu s'enfuir, mais également tout résistant soupçonné de libéralisme ; Ferdinand et la Camarilla dont il s'entoure, sont assoiffés de vengeance ; cette réaction n'est pas mal perçue du peuple, le libéralisme étant le fait des intellectuels éclairés.

Une force pourtant existe en Espagne, qui se dresse contre l'absolutisme, celle des loges maçonniques, introduites au cours du XVIII° siècle ; la maçonnerie est initialement aristocratique, mais sous l'influence de la Révolution française un grand nombre d'intellectuels et de militaires l'ont rejointe. C'est elle qui a dominé la majorité des Cortès de Cadix et la Constitution de 1812 est en partie son œuvre ; n'ayant que peu d'attaches populaires, elle se tourne vers les officiers où ses adeptes sont nombreux. Se produisent alors en 1820, une série de soulèvements militaires – les pronunciamentos – le plus réussi étant celui des Asturies, dirigé par le Commandant Rafael Riego ; à la tête des régiments insurgés, Riego marche sur Madrid et y pénètre, acclamé par les versatiles madrilènes, pour obliger Ferdinand VII à rétablir la Constitution et à convoquer de nouvelles Cortès ; suivent 2 années de troubles où deux associations secrètes, les comuneros et les carbonarios, enchérissent sur les loges maçonniques. Les Cortès impuissantes, le Roi intriguant sourdement, l'Espagne glisse vers une anarchie qui évoque l'époque médiévale.

Les grandes puissances d'Europe forment une Sainte Alliance dans le but de préserver l'ordre monarchique et pour parachever la politique anti-libérale élaborée lors du congrès de Vienne de 1814-1815, elles se réunissent à Vérone à partir du 20 octobre 1822 et décident d'agir en Espagne ; à l'incitation de Chateaubriand, qui voit l'occasion de donner un lustre militaire au drapeau blanc fleurdelisé, la France accepte d'être chargée de l'opération. En avril 1823, 75 000 soldats français, commandés par le duc d'Angoulême, neveu du Roi Louis XVIII, pénètrent dans le royaume voisin ; cette armée est reçue en triomphe car elle apporte, aux yeux du peuple, non plus l'athéisme mais la foi de Saint-Louis. Les troupes libérales se débandent et Riego est fait prisonnier ; les Cortès abandonnent Madrid pour trouver refuge à Séville puis à Cadix, emmenant de force Ferdinand VII ; Cadix n'étant que faiblement défendue, le 31 août 1832, les forces françaises prennent le fort du Trocadero, clef de défense de la ville, et Ferdinand VII est ramené à Madrid où il pénètre dans un char tiré par 24 jeunes gens. En dépit des conseils de modération du duc d'Angoulême, Ferdinand VII, plus réactionnaire que jamais, abolit la Constitution, procède à des épurations rigoureuses de l'administration et de l'armée, un très grand nombre de membres des loges maçonniques étant jetés en prison ou expédiés au bagne ; d'autres sont pendus, tels Riego et Juan Martín, dit el Empecinado, héros de la lutte pour l'indépendance, et les nouvelles tentatives de pronunciamentos sont noyées dans le sang.

En 1826, le Roi paraissant se lasser de la répression, un ministère relativement modéré est constitué et beaucoup d'émigrés reviennent.

En 1829, Ferdinand VII épouse en 4° noces sa jolie nièce, la princesse Marie-Christine de Naples ; sans enfant jusqu'à présent, celle-ci lui donne deux filles, Isabelle et Louise-Fernande. Mais lorsque Philippe V au début du siècle précédent avait accédé au trône, il avait publié une pragmatique introduisant en Espagne la loi salique, excluant les femmes du trône. Cette loi étant restée en vigueur, l'héritier est maintenant Don Carlos, frère cadet de Ferdinand, qui, sur l'insistance de son épouse, révoque la pragmatique. Cette réforme n'est évidemment pas appréciée des partisans de Don Carlos et une épouvantable guerre civile va s'en suivre. Ferdinand VII décède le 29 septembre 1833 d'une crise d'apoplexie.

Ce prince fourbe, lâche, méchant, d'esprit étroit, a pourtant fait l'objet, de la part de ce peuple brave et fier, d'un véritable culte ; et ce sont ces contradictions qui vont maintenant peser plus que jamais sur les destinées du pays.





03/04/2016

A découvrir aussi