~ Histoire d'Espagne ~

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093 - Le Coup de force de Bayonne -

Après avoir hésité entre plusieurs plans, en 1808 Napoléon prend le parti de déposséder les Bourbons d'Espagne au profit d'un prince français ; alors, sous couvert de l'alliance, une armée forte de 50 000 hommes, commandée par Murat, franchit la Bidassoa et prend le chemin de Madrid.

Godoy, les yeux enfin dessillés, veut que la famille royale gagne Cadix pour, de là, s'embarquer vers les Amériques ; Charles IV & Marie-Louise, alors dans leur résidence d'Aranjuez, sorte de Versailles étriqué, y consentent mais les préparatifs donnent l'éveil à une population qui, si elle hait le favori, conserve pour la dynastie, un respect religieux. Le couple royal quittant la patrie, c'est le palladium {Statue de Pallas, qui passait pour le gage de la conservation de Troie} même de la patrie qui disparaît ; cela ne pouvant être toléré, les 16 & 17 mars 1808, venant de Madrid, déferle vers Aranjuez une foule de soldats, de moines, d'hidalgos, de majos des bas-quartiers et de paysans, grossissante sans cesse, acclamant Ferdinand que l'on sait hostile au départ, et conspuant Godoy. Dans la nuit, elle envahit l'hôtel de ce dernier que ses gardes ont cessé de protéger et qui doit, suant de peur, se cacher sous un amas de tapis dans un grenier, pour en sortir, 36 heures plus tard, mourant de faim, houspillé, battu et jeté en prison. Pour sauver le cher Manuel, le Roi & la Reine abdiquent en faveur du Prince des Asturies qui, sous le nom de Ferdinand VII, prend la couronne sous de frénétiques ovations.

Murat, aux portes de Madrid, et en l'absence de consignes, fait revenir Charles IV sur son abdication ; il y a 2 couronnes d'Espagne, ou plutôt, il n'y en a plus car, pendant ce temps, Napoléon s'est transporté à Bayonne d'où il convoque sous divers prétextes, Charles, Marie-Louise, Ferdinand, les Infants & le Prince de la Paix ; après une tragi-comédie menée par le couple royal sous le regard d'aigle de l'Empereur, le vieux monarque signe le 6 mai 1808, en faveur de Napoléon ou de tout autre prince que ce dernier désignera, une déclaration par laquelle il cède tous ses droits sur l'Espagne & les Indes, sous les seules conditions de respecter l'intégrité territoriale du Royaume et d'y accepter la seule religion catholique.

Après différentes étapes, les souverains se fixent en Italie pour y terminer leurs jours en 1819 ; Godoy, qui ne les a pas quittés, va ensuite terminer sa vie à Paris pour y mourir pauvre et oublié en 1851. Quant à Ferdinand, il reste jusqu'en 1814 dans la prison dorée du château de Valençay (F-36) avec Talleyrand pour gardien...



03/04/2016

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