~ Histoire d'Espagne ~

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046 - La Civilisation espagnole à la fin du XV° siècle -

Si perturbés soient-ils par les guerres et les rébellions, au déclin du Moyen-Âge les États espagnols ne laissent pas d'offrir, une civilisation très originale.

Le royaume maure est le plus raffiné, certes d'un raffinement fleurant la décadence... La poésie amoureuse y est plus à l'honneur que l'étude des sciences, et l'architecture n'a pas la solide majesté des édifices élevés jadis à Cordoue par les Ommeyades et à Séville par les Almohades. L'Alhambra {la rouge} est un lieu de séjour pour les princes voluptueux : son architecture du XIV° siècle, si elle n'offre de l'extérieur qu'une enceinte rougeâtre, d'où son nom, présente à l'intérieur une suite ravissante de vastes salles, petits appartements, salons, patios et jardinets.

Du côté des États chrétiens, venant de France à partir du XIII° siècle, triomphe l'art gothique mêlé, d'un peu d'art cistercien pour les cathédrales de Tarragone, Léon & Burgos, et d'un peu d'art mudéjar (mauresque) pour celles de Tolède, Salamanque & Séville.

L'architecture militaire est aussi à l'honneur : châteaux-forts des Ricos Hombres, remparts de villes fortifiées, palais des nobles, avec tout d'abord des peintures de fresques murales, évoluant vers les miniatures, puis les peintures sur bois et sur soie, et enfin, vers les peintures sur toile. Au XV° siècle, sous l'action de maîtres flamands, une école picturale prend naissance en Catalogne. Avec le temps, l'art devient plus exubérant, le gothique castillan en étant l'aboutissement.

Si l'agriculture est prospère à l'Est et au Sud, les pillages font de cruels ravages ; le commerce reste florissant, surtout celui de luxe ; les activités portuaires sont très actives en raison de l'intensité des échanges avec l'Orient et le reste de l'Occident, .

Les ordres militaires et les hauts prélats disposent d'immenses fortune à usage plus ostentatoire que charitable : fêtes ruineuses, bals, concerts, seuls les moines clunisiens et cisterciens conservant quelque piété à l'Église.

Menacées par de continuels périls, les communautés urbaines s'organisent en fraternités armées, las Hermandades, pour suppléer aux carences du pouvoir central.

Au XIV° siècle, les juifs commencent à connaître quelques persécutions, accusés sont-ils de s'enrichir avec l'usure, ce qui donne naissance à de véritables pogroms dans certaines villes. Cette suspicion entraîne le déclin des études scientifiques dans lesquelles ils excellaient, au profit des études juridiques : universités de Salamanque & Valladolid en Castille, et de Lérida & Saragosse en Aragon. À une tentative d'unification de la législation, s'oppose la force des fueros. Tolède, où les juifs sont nombreux, demeure le lieu d'élection des occultistes et des alchimistes. Barcelone accueille commerçants, cosmographes et tenants de la science nautique, les portulans, dressés à l'usage des navigateurs catalans, étant alors les plus sûres cartes marines.

Seul point d'unification : la littérature nationale. Les dialectes romains ont fini par se fondre en 3 langues : le castillan, le galicien & le catalan. Apparaissent dès le XI° siècle des poèmes écrits et souvent chantés, tel au XII° siècle le fameux "Cantar de mio Cid", chanson de geste du Cid. Au XII° siècle, le Roi Alphonse le Savant fait du Castillan, une langue officielle et l'emploie dans sa "Chronique générale", premier grand monument de l'histoire espagnole, ses "Cantiques de Sainte Marie" étant composés en galicien. Le majorquin, Raymond Lulle, se sert du catalan, du latin et de l'arabe, pour ses innombrables écrits. Au XIV° siècle, apparaît le grand poète satirique Juan Ruiz, archiprêtre de Hita, dont le "Livre du bon Amour" est un célèbre traité des mœurs du temps.

Au XV° siècle, sous la double influence française et italienne, surgit en Aragon, et plus encore en Castille, une extraordinaire floraison de poèmes épiques, élégiaques et bucoliques. La cour du roi Jean II de Castille et de son successeur Henri IV, est le foyer d'une vie littéraire intense sous l'impulsion de Juan de Mena, marquis de Santillane, et de Jorge Manrique. Simultanément apparaît la vogue du roman de chevalerie qui connaît un immense succès.

Ainsi, malgré d'immenses résistances, à raison de sa noblesse, de sa sonorité et de la simplicité de son orthographe, la langue castillane va commencer à s'imposer à l'ensemble de l'Espagne.

En revanche, lorsque Ferdinand d'Aragon épouse Isabelle de Castille le 14 octobre 1469, l'Espagne est en pleine confusion politique.



29/03/2016

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