082 - De Ferdinand VI à Charles III -
Ferdinand, prince des Asturies, seul fils restant du premier mariage de Philippe V, lui succède en 1746. Fort laid et ignorant des affaires car tenu à l'écart par la jalousie de sa belle-mère Élisabeth Farnèse, il reçoit le serment des Cortès sous le nom de Ferdinand VI ; il a cependant épousé une princesse portugaise, point belle non plus, mais intelligente et dévouée à son époux royal.
À son accession au trône, l'Espagne est engagée aux côtés de la France dans la guerre de succession d'Autriche (1740-48), conflit européen qui trouve son origine dans la contestation des États souscripteurs de la Pragmatique Sanction {l'empereur Charles VI n'ayant pu conquérir le trône espagnol, s'oppose au règlement voulu par son père Léopold I° et fait rédiger cet édit en 1713 par lequel, à défaut d'héritiers mâles, la succession reviendrait d'abord aux filles du dernier empereur régnant, i.e. les siennes...}. Peu belliqueux, après avoir rappelé les troupes espagnoles engagées dans le conflit, c'est avec joie que Ferdinand VI adhère aux clauses du Traité d'Aix-la-Chapelle du 18 octobre 1748 qui consacre l'émergence d'une nouvelle puissance, la Prusse, et dont une disposition attribue à l'infant Philippe, second fils du roi défunt Philippe V et de la reine Élisabeth, les Duchés de Parme, Plaisance & Guastalla (actuelle Province d'Émilie-Romagne).
En 1756 éclate la Guerre de Sept Ans (1756-1763) qui oppose, d'une part la France à l'Angleterre, et d'autre part le Royaume de Prusse aux États des Habsbourg, i.e. l'archiduché d'Autriche & les royaumes de Bohème & de Hongrie. C'est probablement la 1° guerre mondiale en raison des alliances qui se constituent autour des belligérants et des nombreux théâtres d'opérations : Europe, Amérique du Nord, Inde, Philippines. Chacune des parties tente de s'attirer l'alliance de l'Espagne, l'Angleterre allant même jusqu'à lui offrir la restitution de Gibraltar ; La Ensenada, partisan de l'alliance française, a été disgracié, mais Carvajal, en dépit de sa sensibilité anglophile, ne parvient pas à détourner le roi de sa bienveillante neutralité.
Le 27 août 1758, meurt l'épouse de Ferdinand VI qui ne lui survivra que jusqu'au 10 août 1759. Sans héritier direct, c'est son demi-frère Charles, roi des Deux-Siciles depuis 1735, qui lui succède. À 43 ans, type-même du despote éclairé, Charles III dispose d'une solide expérience de gouvernement. Les traités stipulant que les couronnes d'Espagne et des Deux-Siciles ne peuvent se cumuler, il abdique alors en faveur de son 3° fils sans jamais toutefois se désintéresser des affaires d'Italie.
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