~ Histoire d'Espagne ~

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081 - Philippe V & la politique de cabinet -

En 1714 meurt la reine Marie-Louise, seulement âgée de 27 ans. Philippe V, dit "el animoso" (le brave), épouse alors Élisabeth Farnèse, héritière des duchés de Parme & de Plaisance, femme intelligente, qui exerce sur le roi un empire absolu, chassant la comtesse des Ursins et faisant ministre l'abbé, puis cardinal, Giulio Alberoni.

Louis XIV étant décédé depuis le 1° septembre 1715, Philippe V, le plus proche parent de Louis XV, conserve l'espoir de lui succéder si ce dernier venait à mourir, sous réserve d'évincer l'actuel régent, le duc d'Orléans. Élisabeth donne 2 fils à son époux et ambitionne de leur assurer des souverainetés en Italie. La conjonction de ces ambitions et les réactions qu'elles suscitent donnent naissance à des guerres de cabinet comme à l'engagement de quelques mercenaires, rien de tout ceci n'étant toutefois de nature à troubler la paix des peuples...

Cependant, en 1717 l'Espagne reprend pied en Sardaigne & en Sicile ; en 1719, à la suite d'un complot de l'ambassadeur espagnol contre le régent, une armée française envahit les provinces basques. Aussi, en 1720, Philippe V renonce-t-il à toute prétention personnelle sur l'Italie en échange d'une garantie sur la succession des Duchés de Toscane, de Parme & de Plaisance, au profit de l'infant Charles, fruit de son second mariage, avant de se réconcilier avec la France en 1721, l'Infante Marie-Anne, seulement âgée de 4 ans, promise à Louis XV qui n'en a que 11, étant envoyée à Paris en vue d'une union qui ne sera jamais célébrée !

En 1724, à la stupeur générale, Philippe V abdique en faveur de l'Infant Louis, fils aîné de sa première union, pour se retirer dans le Palais de la Granja de San Ildefonse qu'il a fait construire dans la province de Ségovie pour tromper sa nostalgie de Versailles. Mais après 7 mois de règne, Louis meurt de la typhoïde et son père reprend le pouvoir pour le garder jusqu'à sa mort, le 9 juillet 1746.

Alberoni ayant été disgracié dès 1719, c'est un aventurier hollandais, le baron de Riperda, qui dirige la diplomatie espagnole jusqu'en 1726 ; renvoyé à son tour, lui succèdent Don José Patiño puis le marquis de la Ensenada, tous deux espagnols, pour conduire une politique extérieure toujours dominée par le désir de la reine de procurer à ses fils des établissements en Italie ; dans ce but, l'Espagne se trouve successivement alliée puis ennemie de la France, de l'Angleterre, de l'Autriche, ce qui la conduit, pacte après pacte, traité après traité, à l'abandon de la Toscane de l'infant Charles au profit du duc de Lorraine, des Duchés de Parme & de Plaisance au profit de l'Autriche, pour recevoir le royaume des Deux-Siciles en très substantielle compensation.

Cette politique coûte cher, mais les Français ont redressé l'état financier de l'Espagne, bien suivis en ce sens par José Patiño, le "Colbert de l'Espagne", et La Ensenada ; si Philippe V, qui mourra après 45 ans de règne dans un état de quasi-bestialité, n'a pas l'esprit ouvert, il a l'immense mérite de laisser à ses ministres le soin de diriger et de conduire les réformes nécessaires à la recomposition de son royaume : réforme fiscale, réorganisation de la marine de guerre, du commerce, création des académies des Beaux-Arts et d'Histoire.



02/04/2016

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