~ Histoire d'Espagne ~

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054 - Charles Quint -

Hors d'état de régner, Jeanne la Folle laisse l'Empire à son fils Charles, né à Gand le 24 février 1500, de la lignée des Habsbourg, tout juste âgé de 16 ans et ignorant la langue castillane.

1 - L'installation en Espagne -

Avec sa cour flamande, il entre en Espagne à la mort de Ferdinand, se débarrasse de Cisneros et se fait reconnaître comme souverain par les Cortès de Castille et d'Aragon.

Suivent deux années confuses durant lesquelles les exactions des flamands suscitent le mécontentement chez les Espagnols. Le 12 janvier 1519 meurt Maximilien I° de Habsbourg dont les domaines,  l'Autriche, les Pays-Bas, l'Artois, le Luxembourg & la Franche-Comté, reviennent à Charles, son petit-fils, qui dispose déjà de l'héritage des Rois Catholiques, la Castille, l'Aragon, la Navarre, le Roussillon, la Cerdagne, la Sicile, Naples, la Sardaigne & le Nouveau-Monde en cours de conquête.

Il lui manque une couronne que détenait Maximilien celle, élective, du Saint Empire Romain Germanique que brigue François I°, roi de France, répandant l'or sur les 7 princes et archevêques électeurs ; les Habsbourg surenchérissent et élisent Charles I°, qui devient Charles V en Allemagne et passe à la postérité sous ce nom et comme souverain d'un Empire "sur les domaines duquel le soleil ne se couche jamais".

A peine élu, le nouveau César décide d'aller se faire couronner à Aix-la-Chapelle, laissant la régence de l'Espagne à un prince flamand, Adrien d'Utrecht ; vexés, les Espagnols de toutes communautés s'insurgent au cri de "Saint-Jacques et Liberté". Juan de Padilla, gentilhomme tolédan, prend la tête de cette révolte des communeros, force la porte de Tordesillas où est reclus Jeanne la Folle, la supplie d'exercer ses droits, mais la malheureuse reste muette. Après plusieurs batailles, les communeros sont défaits mais Charles Quint a compris et revient, allège les charges fiscales, remplace les Flamands par des Espagnols et jure de respecter les fueros. Acclimaté, ayant appris le Castillan, il revient souvent en Espagne à Valladolid.

Mais trop souvent absent, il doit lutter sur 3 fronts : la France, entourée de ses possessions d'Autriche, cherchant à se désenclaver, les Turcs, maîtres de Constantinople depuis 1453, qui étendent progressivement leur Empire vers l'Ouest, et la Réforme protestante qui suscite en Allemagne de sanglantes perturbations.

2 - L'Espagne dans les conflits -

Dès son avènement au trône de France en 1515, François I° est résolu à faire valoir ses droits sur le Royaume de Milan qu'il ne tarde pas à occuper ; mais Charles Quint résiste et la guerre éclate en 1521, à la fois en Navarre, en Provence & en Italie du Nord. Trahi par le Connétable de Bourbon, englué dans des intrigues italiennes, François I° est battu et fait prisonnier devant Pavie en 1525. Gardé un an captif à l'Alcazar de Madrid, il n'est élargi que contre la cession du duché de Bourgogne lequel, réuni par Louis XI à la couronne de France et malgré son nom, ne figurait pas dans l'héritage de Marie de Bourgogne.

Libéré, il désavoue sa signature donnée sous la contrainte et la guerre reprend, François I° obtenant l'alliance des princes italiens et du Saint-Siège. L'armée de Charles Quint dévaste l'Italie, tenant le Pape un instant prisonnier à Rome, les secours français arrivant trop tard : le traité de Cambrai de 1529 consacre l'hégémonie de Charles Quint sur l'Italie.

En 1535 les hostilités reprennent avec la France, alliée aux princes protestants allemands, et qui signe un pacte avec Soliman le Grand Turc. Charles est défait en Piémont, mais les impériaux envahissent le Nord de la France jusqu'à 15 lieues de Paris. Le traité de Crépy-en-Valois consacre une situation figée.

Outre François I°, Charles Quint doit faire face aux troupes turques lesquelles, après avoir soumis l'Égypte, les Balkans & la Hongrie, sont aux portes de Vienne.

Trop puissantes pour être attaquées de front, c'est par leurs alliés, les pirates barbaresques d'Afrique du Nord, qu'il décide de leur porter des coups, ses expéditions africaines étont également plus populaires en Espagne. En 1535, il rassemble à Barcelone une flotte nombreuse qu'il dirige sur Tunis ; le débarquement a lieu près des ruines de Carthage et après un dur combat, l'armée musulmane, dirigée par le corsaire Khair-ed-Din Barberousse, prend la fuite : 20 000 esclaves chrétiens sont alors libérés et un Bey vassal est installé à Tunis. En 1541, Charles Quint essaie alors de s'emparer d'Alger mais, défait par une tempête, il se replie ; les Turcs bombardent Nice et prennent pied un moment à Toulon.

Charles Quint n'a pas réussi à faire triompher la Croix sur le Croissant, pas davantage à maintenir en Allemagne l'unité religieuse.

3 - Charles Quint & La Réforme -

En 1517, un moine augustin, Martin Luther, affiche à la porte de son église de Wittenberg en Saxe, 95 propositions révoquant en doute l'autorité du Saint-Siège et condamnant la pratique des "indulgences" ; il publie ensuite plusieurs libelles prenant à partie la hiérarchie de l'Église. En 1520 il est condamné par le Pape comme hérétique ; comparaissant devant Charles Quint à Worms en 1521, il revendique le droit de tout chrétien d'interpréter librement les Écritures ; mis par la Diète au ban de l'Empire, il se réfugie au château de la Wartbourg de l'électeur de Saxe.

Charles Quint, rappelé durant 7 ans en Espagne, ne peut sévir ; des troubles éclatent en Allemagne : les princes catholiques forment une ligue à laquelle s'oppose celle des partisans de Luther. Impuissant, Charles Quint adjure le pape de réunir un concile destiné à réformer les pratiques de l'Église.

Réuni à Trente en 1545, ce concile, après 2 ans de travaux, suspend sa session qui ne sera rouverte qu'en 1551 ; pendant ce temps, Charles dirige en personne la ligue catholique. La Sainte Guerre évangélique met l'Allemagne à feu. En 1555 est signée la Paix d'Augsbourg mettant fin aux hostilités et autorisant les princes dirigeants et les sénats des villes libres à choisir leur religion et leurs sujets à l'adopter ou s'exiler.

Déçu, Charles Quint abdique en faveur de son fils Philippe et se réfugie au monastère de Yuste en Estrémadure, où il meurt de la malaria le 21 septembre 1558.



30/03/2016

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