020 - Invasions Barbares -
Plus que des invasions hostiles, il s'agit surtout de migrations à compacité variable. Au V° siècle, Suèves, Alains et Vandales pénètrent en Espagne, venant de la Germanie orientale. Sans force militaire pour s'opposer à ces migrations, le pouvoir central fait appel aux Wisigoths, peuple de la Vistule allié de l'Empire, dont le chef Ataulf épouse une fille de l'empereur Théodose. Ataulf est assassiné en 415 au cours de son intervention, mais les Wisigoths conservent néanmoins un Empire qui va de la Loire aux Pyrénées, avec la province de Tarragone, leur capitale se fixant alors à Toulouse.
Avec au nord-ouest les Suèves, plus au sud les Alains, les Vandales (de Vandalousia qui donnera Andalucia) à la pointe sud, dans la basse vallée du Guadalquvir, les Asturiens, les Basques et les Wisigoths, il ne reste de romain que les régions bordant la méditerranée.
Au milieu du V° siècle, les Wisigoths mènent une série de campagnes pour s'assurer la quasi-maîtrise de la péninsule et leur capitale se déplace alors de Toulouse à Bordeaux. En 476, le dernier Empereur romain est déposé et les insignes impériaux sont envoyés à Constantinople, siège de l'Empire d'Orient.
Le Roi Wisigoth Euric refuse de reconnaître la suprématie des Byzantins et proclame l'indépendance de son Empire. Alors que les populations des territoires conquis se sont ralliées à la foi catholique du "credo de Nicée", les Wisigoths sont adeptes de l'Arianisme, doctrine professée au IV° siècle à Alexandrie d'Égypte par le savant théologien Arius, qui nie le dogme de la Trinité, doctrine hérétique sous Constantin. Cette doctrine reçoit un accueil favorable dans les régions sud & sud-est de la péninsule, sous influence orientale. Au nord, cette situation profite aux Francs, moins civilisés, qui viennent, à la suite de leur chef Clovis, de passer du paganisme au catholicisme. En 507, Clovis déjà vainqueur des Burgondes franchit la Loire, et à Vouillé, près de Poitiers, livre bataille à Alaric II. Les Francs envahissent ensuite les possessions gauloises des Wisighoths. Grâce aux Ostrogoths, accourus d'Italie, les Wisigoths parviennent cependant à conserver la péninsule ibérique, le Roussillon & le Bas-Languedoc.
Les Rois Wisigoths s'établissent alors à Barcelone, puis à Mérida, et enfin à Tolède. S'agissant d'une monarchie élective, de nombreuses factions se disputent la couronne. Aussi, en 550, est-il fait appel aux Byzantins, dont le trône est occupé par Justinien, qui y voit une occasion de reconquérir l'ancien Empire d'Occident. Ils débarquent au sud et au sud-est de la péninsule où ils reçoivent le bon accueil d'une population qui compte force Grecs & Levantins. Ils s'y maintiennent durant 50 ans. Privés de la partie la plus riche de leur royaume, les Wisigoths s'emparent de la Galice où s'étaient installés les Suèves, dont il subsiste les yeux bleus et les cheveux blonds, et refoulent les Basques dans les Pyrénées.
S'ouvre alors pour l'Espagne, l'époque brillante de la civilisation des Wisigoths. Arrivés, non en conquérants mais en fédérateurs pour assurer la sécurité, ils réussissent, quoique de classe inférieure, à implanter leur langue et leurs coutumes (Rodrigue = Rodéric). Vers la fin du V° siècle, un de leurs rois, Récarède, mesurant le risque de la disparité religieuse, se convertit à la religion catholique et en 589, le 3° concile de Tolède proclame l'adhésion du peuple Goth au "credo de Nicée". Enfin, en 628, après avoir expulsé les Byzantins vers le sud, l'Espagne retrouve son unité territoriale, puis en 635 son unité juridique par la fusion du "Codex Eurici" des Wisigoths et du "Bréviaire d'Alaric" des Hispanos-Romains. La première moitié du VII° siècle voit le plus grand rayonnement du royaume wisigothique : bibliothèques, maîtres fameux, dont Isidore, évêque de Séville, canonisé, son l’œuvre constituant un des plus solides piliers de l'enseignement professé dans les Universités.