~ Histoire d'Espagne ~

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086 - L'Empire espagnol d'Outre-Mer -

Le premier quart du XIX° siècle va voir l'écroulement de l'Empire espagnol d'Outre-Mer alors qu'à la fin du XVIII° siècle il est si florissant !

Les Indes, c'est le terme qui désigne alors les possessions américaines et malaises de l'Espagne, s'étirent sur plus de 100° de latitude ; ce sont l'actuel Mexique, le Texas, la Californie, l'Arizona, la Floride, La Louisiane, toute l'Amérique centrale, les plus vastes Îles antillaises, toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil et des Guyanes, enfin les Mariannes, les Carolines et les Philippines.

Cet immense ensemble de 19 millions d'habitants est administré par 4 vice-royautés : Nouvelle-Espagne, capitale Mexico, Pérou, capitale Lima, Nouvelle-Grenade, capitale Santa-Fé de Bógota, & Rio de la Plata, capitale Buenos-Aires, ainsi que 8 capitaineries générales. Le castillan y est partout parlé, au moins compris, et le catholicisme pratiqué, les missions colonisatrices étant à la charge du clergé. Malgré les 800 000 nègres, l'esclavage est en principe aboli, bien que des infractions soient souvent relevées par les visiteurs du Conseil de Indes et que la dureté des maîtres espagnols suscite souvent des rebellions implacablement matées.

L'administration territoriale est le monopole des habitants d'Espagne, seuls les cabildos, conseils municipaux issus d'un corps administratif colonial, sont composés de natifs dont les fonctions ne sont pas rémunérées.

Du point de vue économique, les colonies américaines sont des terres d'exploitation, la production, tant agricole que minière, étant réservée à la mère patrie, à l'exception de certains profits destinés à l'Angleterre.

Parmi les créoles, beaucoup sont riches et instruits ; ils constituent une aristocratie aisée, faisant venir des précepteurs français pour leurs enfants, ceux-ci amenant avec eux, malgré l'Inquisition, les œuvres des Encyclopédistes ; les enfants font également le tour d'Europe, revenant alors avec des idées très subversives au regard de l'ordre établi aux Indes, que l'on commence à qualifier d'Amérique.

En raison d'un pacte colonial, l'industrie est inexistante, à l'exception de l'artisanat local et de l'exploitation des mines ; la culture est très prospère, bois précieux, produits indigènes comme le maïs, l'indigo, la quinine et le tabac ; venant d'Europe, est introduit l'élevage : chevaux, bêtes à cornes, moutons, croissent sur la pampa et les hautes vallées du Mexique.

Les grandes villes, peu nombreuses, sont bien construites : Mexico, la plus importante et la plus belle capitale de l'époque, compte 133 322 habitants en 1790, dont 52 126 blancs d'origine espagnole ; hors des cités, le genre de vie varie avec la latitude et l'altitude, mais le régime en est l'hacienda mexicaine, l'estancia argentine ou la plantation des îles de Nouvelle-Grenade, chacun vivant en quasi autarcie.

L'enseignement supérieur y est très développé, l'Université de Mexico date de 1553, et la pratique des sciences plus active que sur la péninsule.

Aussi, les colons supportent-ils de plus en plus mal l'étroite tutelle dans laquelle les tient le Conseil des Indes de l'Alcazar Real de Madrid, et plus mal encore de voir administrateurs et prélats venir y amasser fortune avant de s'en retourner au pays ; sans toutefois songer à une complète sécession, la plupart des colons souhaitent une plus large autonomie, avec accès à tous les emplois. Le sérieux du problème n'échappe pas à quelques esprits éclairés d'Espagne ; aussi, le ministre Aranda pense-t-il à un projet de réforme pour le gouvernement de ces territoires.

Mais c'est l'effroyable secousse de la lutte contre Napoléon qui va rompre le lien entre l'Espagne et son Empire d'Outre-Mer.



02/04/2016

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